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Le sous-titre est une partie du thème de la Marche mondiale des femmes 2015
On peut se réjouir du chemin parcouru, et on peut envisager le chemin qui reste à parcourir… L’un ne va pas sans l’autre.
Santé globale et santé sexuelle des femmes sont indissociables. La santé des femmes est liée à leurs conditions de vie et à leur statut social. Le contrôle de leur corps a un impact sur la manière dont les femmes vivent, sur leur santé physique, sexuelle et mentale.
Pour célébrer la femme, il faut non seulement s’opposer à toute atteinte à ses droits fondamentaux, mais aussi réitérer l’importance des outils mis à sa disposition afin qu’elle puisse être seule maître de son destin.
Pas étonnant que la pilule contraceptive, découverte en 1956, ait très vite acquis une telle importance qu’on se soit mis à parler de « LA » pilule. Au Québec, elle a marqué le début de l’émancipation sexuelle et sociale des femmes, qui peuvent choisir d’avoir au moment voulu ou de ne pas avoir des enfants, et décider de l’orientation à donner à leur vie.
La route n’a pas été facile. Controversée à ses débuts, il a fallu faire avaler la pilule(!) à l’Église catholique qui dictait la planification de la famille, et les politiciens canadiens ont attendu jusqu’en 1969 pour légaliser son usage « à des fins contraceptives » !
Le cycle menstruel des femmes varie beaucoup individuellement. Court ou long, il est programmé par des glandes du cerveau (l’hypothalamus et l’hypophyse) qui envoient un message hormonal aux ovaires de produire un ovule qui peut être fécondé par un spermatozoïde. L’ovaire ainsi stimulé produit d’autres hormones (des estrogènes et de la progestérone) pour informer le cerveau qu’il fait son travail. On appelle ce phénomène la rétroaction. C’est alors que la pilule contraceptive entre en scène : contenant ces hormones, elle envoie un message au cerveau, qui, n’y voyant que du feu, laisse l’ovaire se reposer. Sans production d’ovule, il n’y a donc pas de fécondation.
L’usage de la pilule contraceptive sous sa forme la plus connue, c’est-à-dire 21 jours de comprimés avec hormones, suivi de 7 jours d’arrêt ou de placebo, est ce que l’on nomme la forme « classique ». Sans correspondre nécessairement au rythme menstruel individuel de la femme, elle provoque un saignement mensuel qui permet une « apparence naturelle » de cycle de fertilité.
Or, ce saignement régulier provoqué par l’arrêt de la prise d’hormones n’est pas obligatoire pour offrir une protection en matière de contraception.
Depuis plus de 10 ans, des études ont démontré que la prise en continu d’un contraceptif oral (365 jours) offre la même efficacité à prévenir la grossesse que l’usage classique (21 sur 28 jours). Si les problèmes de tacheture ou spotting imprévisible sont un peu plus fréquents avec la prise en continu, l’arrêt de la pilule pendant quelques jours permet de régler la question.
Des recherches ont aussi démontré que la moitié des femmes qui prennent la pilule en cycle classique (21 sur 28 jours) préféreraient réduire la fréquence de leurs règles, voire même les faire disparaître.
Provoquer un saignement mensuel en arrêtant la pilule ou en prenant les « pilules de sucres » n’est pas un choix logique ; ce n’est pas plus naturel, ce n’est pas meilleur pour la santé, le pouvoir contraceptif n’est pas mieux. La contraception orale en prise classique est… un choix historique.
Autrement dit, entre la prise classique ou la prise en continu, le choix vous appartient !
Informez-vous auprès de votre professionnel de la santé.
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Pour en savoir plus, vous pouvez écouter l’entrevue de Dr Marc Steben, notre directeur médical, au Canal M Vues & voix, le 18 mars 2015.
Référence :
Précis de contraception hormonale et de gynécologie ambulatoire, Dr Rodolphe Maheux, Aquarium Média, 2007.